Le Canada comme 51e État des États-Unis : des réponses à vos questions
Alors qu'Ottawa a obtenu un mois de sursis sur les tarifs douaniers, le président des États-Unis, Donald Trump, a réitéré son appel à faire du Canada le « 51e État » américain. Est-il sérieux et pourrait-ce réellement arriver?
TRANSCRIPT
Vous avez été très nombreux
à nous écrire pour nous demander
si Donald Trump était sérieux
avec son idée d'annexer
le Canada. Pour vous répondre :
Julien Tourreille, chercheur
à la chaire Raoul-Dandurand.
D'abord Julien, pourquoi est-ce
que le Canada intéresse autant
Trump?
- Peut-être pour les richesses,
autant en termes de ressources
naturelles que de populations
aux yeux de Donald Trump il faut
être très clair. Même si
théoriquement il y aurait des
possibilités que le Canada
devienne parti des États-Unis
c'est très peu probable. Donald
Trump le reconnaît lui-même.
Il y a trois possibilités pour
qu'un nouvel état se joint aux
États-Unis : la manière forte,
la conquête militaire comme on
l'a vu au XIXe siècle au terme
de la guerre contre le Mexique
en 1846, c'est assez exclu
Donald Trump avait d'ailleurs
exclu la conquête militaire.
L'autre possibilité c'est un
achat pur et simple comme le
Canada avait acheté la
Louisiane, malheureusement le
Canada n'est pas à vendre.
La troisième possibilité ça
prévoit un mécanisme d'adhésion
sur une base volontaire. Il
faudrait imaginer que la
population canadienne manifeste
son intérêt d'adhérer et un
processus serait validé par le
congrès des États-Unis par le
biais de l'adoption d'une loi.
C'est le processus que les
portoricains cherchent à mettre
en oeuvre, une majorité de 57 %
voulait devenir un état, sauf
qu'à Washington, les politiciens
ne veulent pas de cette
perspective parce que ce serait
un chambardement des équilibres
politiques.
- On n'y va avec les questions
des publics.
- Je les disais début janvier
lorsqu'il a fait une conférence
de presse on lui a posé la
question : envisagez-vous la
manière forte pour annexer le
Canada? Il a exclu et il préfère
selon lui la pression
économique. On n'en est pas
rendu la, mais c'est vrai qu'on
peut avoir quand même une
inquiétude lorsque dans ses
propos Donald Trump explique que
l'économie canadienne n'est pas
viable si elle n'est pas accès
au marché américain. Ça
ressemble à cette négation de
l'existence de la souveraineté
du Canada comme Vladimir Poutine
à l'endroit de l'Ukraine.
- Ça pourrait, on sait que dans
le cas des feux de forêt en
Californie Donald Trump a évoqué
cette idée que le Canada était
riche en eau et on devrait aller
chercher cette eau, c'est un peu
plus compliqué que ça.
Ne serait-ce qu'il faudrait
bâtir des infrastructures pour
amener l'eau du territoire
canadien vers des territoires
américains qui en ont besoin, la
Californie, l'Arizona et
beaucoup d'ingénieurs estiment
qu'on s'engagerait dans une
entreprise totalement
impossible.
Pas grand-chose. En particulier
pour le G7. C'est un club à
vocation économique et on n'a
pas le sentiment que de ce côté
il y aurait grand-chose à faire.
Du côté de l'OTAN on pourrait
imaginer que si les États-Unis
agressent un pays membre en
utilisant la force militaire ce
qui est le cas du Canada, la
solidarité rentrerait en ligne
de compte mais ce serait
compliqué parce que les États-
Unis sonla pipale
puissance au sein de
l'organisation. On serait dans
un monde très différent,
une telle perspective, les pays
membres de l'OTAN n'auraient pas
vraiment le choix.
Donald Trump a raison sur
certains points, c'est vrai que
le Canada et les Canadiens
s'intégreraient dans une
économie florissante, dynamique
et prospère. Il n'y aurait pas
de tarif on bénéficierait du
parapluie militaire américain et
opéraient moins d'impôts au
niveau fédéral. Au niveau des
états fédérés, ce serait très
différent mais il y aurait des
contreparties assez coûteuses à
ça par exemple en termes d'État-
providence. On sait que les
américains sont moins soucieux
en termes de congé parental,
d'accès au système de santé,
opéraient moins d'impôts mais on
a vraiment des services il y a
des questions de société qui
poserait des problèmes, par
exemple la question de
l'avortement, de la place des
armes à feu et la question du
français, le français ne serait
pas protégé si le Canada faisait
parti des États-Unis parce qu'on
rappellera que la constitution
américaine n'est prévoit pas de
langue officielle aux États-
Unis, même si l'anglais
prédomine.
- Ce n'est pas qu'économique.
Socialement, politiquement, ce
serait une complète
transformation.
Ça dépend si le Canada
rentrerait dans une intégralité
en un seul morceau ou à
subdiviser en territoire et en
province qui serait beaucoup
plus compliqué et je pense qu'il
n'a pas ça l'esprit.
Le Canada en entier il faut
avoir l'esprit que la Californie
est à peu près le même en nombre
d'habitants et la Californie à
52 représentants à Washington.
On pourrait imaginer que le
Canada est à peu près le même
nombre de représentants en
fonction du poids démographique.
Il faudrait revoir le nombre de
représentants à la chambre
Washington, on imagine mal avec
40 millions d'habitants aurait
dispatché tout ça ce serait très
compliqué. D'un autre côté il y
aurait deux sénateurs, le Canada
entrerait comme étant unique
mais ça bouleverserait les
élites politiques parce que on
le constate au congrès, les
républicains ont une majorité
très ténue et ils sont opposés à
l'entrée de portoricains parce
qu'il craint que ça favorise le
Parti démocrate, imaginons si le
Canada devrait rentrer.
- Si le Canada était là, les
Canadiens étaient favorables à
Kamala Harris beaucoup plus qu'à
Donald Trump. Les grands
électeurs canadiens seraient
allés vers Kamala Harris.
Qui n'aurait pas été élu.
- Il faudrait refaire un calcul,
mais ce serait beaucoup plus
difficile pour les républicains
d'exercer le pouvoir.
Non, je ne pense pas. C'est une
stratégie qui est assez
ancienne. Cette préoccupation
sur la sécurisation de la
frontière est assez constant du
côté américain, que l'on soit
républicain ou démocrate. On
l'avait vu le 11 septembre 2001,
le Canada avait dû
considérablement rassurer les
États-Unis sur cette question et
on le encore aujourd'hui. On est
un peu dans la mise en scène,
la théâtralité la sécurisation
de la frontière pour s'acheter
du crédit. Les Américains
devraient investir eux-mêmes
dans leur sécurisation des
frontières. Il n'y a que 2000
agents des douanes
à la frontière entre le
Canada et les États-Unis
du côté américain. Ils
sont environ 17 000
au sud, à la frontière
avec le Mexique.
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